Les Rencontres internationales de la recherche : une occasion de mettre en valeur l’attractivité de la France
Organisées par Aviesan (Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé) et ARIIS (Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé), les 6es Rencontres internationales de la recherche se sont tenues le 30 juin dernier au Collège de France sur le thème des maladies rares, avec pour la première fois un format innovant : aux exposés des chercheurs du matin se sont suivies des rencontres « speed-dating » entre les chercheurs et les industriels l’après-midi. Vingt-trois compagnies pharmaceutiques y étaient représentées, ainsi que l’ITMO génétique, génomique et bioinformatique, présidé par Thierry Frebourg, et la Fondation maladies rares, présidée par Nicolas Lévy.
Preuve que le gouvernement a voulu montrer son engagement vis à vis de la recherche médicale dans l’optique d’augmenter l’attractivité de la France, la Ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, Marisol Touraine, a prononcé le discours d’ouverture, et le Secrétaire d’état chargé de l’enseignement supérieur de la recherche, Thierry Mandon, celui de clôture.
Le leitmotiv de ces rencontres, intitulées « Des maladies rares à la médecine personnalisée », a été de montrer que les maladies rares seraient des formes extrêmes de maladies fréquentes et que donc la recherche dans le domaine des maladies rares ouvrirait les portes de la médecine personnalisée pour les maladies communes. Les investissements importants nécessaires pour la recherche dans les maladies rares, aussi bien publics que privés, trouvent leur justification dans ce double bénéfice pour les malades atteints des maladies rares et à terme, pour tous les autres.
Les annonces officielles
Après avoir souligné les atouts français en matière de recherche (modèle hospitalo-universitaire) et des maladies rares (plans nationaux, centres de référence, filières, cohortes), Marisol Touraine a mis en avant les financements publics consentis pour la recherche et l’innovation : investissements d’avenir pour des programmes, des équipements de recherche et des projets innovants, et crédit d’impôt recherche dans le secteur de la santé pour les industriels. Deux missions ont été confiées au Pr Yves Lévy, président d’Aviesan et Président Directeur Général de l’Inserm : la première par les ministères de la santé et de la recherche pour des nouvelles modalités de recherche en santé, dont le rapport est attendu le 15 juillet ; la deuxième par le Premier ministre pour établir des recommandations pour introduire le séquençage du génome entier dans la pratique médicale habituelle. Marisol Touraine a également annoncé la création, dans le cadre du programme « Nouvelle France Industrielle », d’un de ses 9 axes prioritaires appelé « médecine du futur » structuré autour de la médecine personnalisée, de l’innovation et des objets connectés dont le pilotage a été confié à un duo académique-industriel : le Pr André Syrota (ancien PDG de l’Inserm) et Olivier Charmeil (membre du comité exécutif de Sanofi). Un comité de pilotage sera nommé prochainement. L’annonce de la création d’une Journée nationale de l’innovation en santé a été faite, qui sera un rendez-vous annuel organisé par les ministères de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, de l’économie, des finances et de l’industrie avec l’ensemble des acteurs de l’innovation en santé pour disséminer les avancées de la recherche en santé et faire le point d’avancement en matière d’innovation.
La Ministre a cité comme exemple de l’attractivité de la France la décision d’Alexion d’installer son premier laboratoire de recherche et de développement en dehors des Etats-Unis, à l’Institut Imagine, en France. Thierry Mandon a quant à lui tenu un discours volontariste en faveur d’une stratégie nationale de la recherche autour de l’enjeu stratégique des données (« big data »), de l’innovation, et des partenariats publics-privés. Il a mis en avant le programme « Hôpital numérique » porté par 4 ministères et lancé en 2011, qui a pour objectif la modernisation des systèmes d’information hospitaliers.
Les avancées scientifiques
Durant la matinée, plusieurs chercheurs de renommée internationale se sont succédés pour faire part de leurs progrès et décliner le thème des maladies rares comme voie royale de recherche pour la médecine personnalisée. Des exemples dans des ciliopathies comme le syndrome de Bardet-Biedl et d’Alström (Pr Hélène Dollfus), des déficits immunitaires primitifs (Pr Alain Fischer), des formes génétiques précoces de maladies d’Alzheimer (Pr Gaël Nicolas) ou encore des dystrophies rétiniennes (Pr José Sahel) ont montré l’excellence de la recherche conduite par les centres de référence et, dans certains cas, au sein des cohortes RaDiCo. Le Pr Marc Peschanski a présenté la plateforme iStem (Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques), développée par l’Inserm et l’AFM-Téléthon, et comment elle sert à accélérer la découverte de nouveaux médicaments pour les maladies rares. Enfin, les actions de la Fondation Maladies Rares ont été présentées par le Pr Nicolas Lévy.
Une journée riche
On peut regretter que, mis à part iStem, l’engagement de la générosité publique et des associations de patients comme piliers de la recherche et de l’innovation en France n’ait pas été assez mis en avant, car l’implication des malades comme acteurs de la recherche est aussi un argument d’attractivité. De même, certaines réussites françaises issues des Plans nationaux n’ont pas été assez soulignées : Orphanet, première base de données mondiale sur les maladies rares, la BNDMR qui, bien que n’ayant pas encore l’exhaustivité des malades en France, est néanmoins l'une des plus grandes bases de données de malades atteints de maladies rares en Europe, avec près de 300 000 malades.
Néanmoins, cette journée a permis de faire dialoguer les chercheurs et les nombreux industriels présents. Les carnets de bal étaient pleins et les rendez-vous se sont succédés sans interruption tout le long de l’après-midi. Ces rencontres ont voulu véhiculer l’image d’une France dynamique, innovante et attractive autour de l’argument fort de l’excellence des chercheurs et de la recherche française, ainsi que de l’engagement fort des pouvoirs publics dans l’innovation. Espérons qu’elle portera ses fruits.
Pour en savoir plus
Lire le discours de Marisol Touraine